Cela faisait longtemps qu'Emuyl n'avait pas donné de cours, elle s'avanca donc dans sa salle de classe pour y donner un cours de breton. L'ancien cours n'avait pas fait de grand succès elle décida donc de savoir à la fin de celui ci quelques informations de la part de ses élèves.
Les parties du corps (1re leçon)
Commençons par la tête : ar penn, les Bretons ont la particularité (linguistique s'entend...) d'avoir deux têtes : ar penn a-raok (la tête de devant) et ar penn a-dreñv (la tête de derrière) qui elle désigne... le postérieur. Lorsque l'on ne précise pas, il s'agit de la tête proprement dite.
On y trouve les cheveux ar blev (pron. bleo). Ceux-ci peuvent être melen (jaunes = blonds), ruz (rouges = roux), glas (bleus = poivre et sel), gwenn (blancs), du (noirs). An tal (le front), ar fri (le nez), lagad (oeil, mais an daoulagad les yeux), jod (joue, mais an divjod les joues), an elgezh (le menton, dit aussi par endroits ar chink ou ar groñj), skouarn (oreille, mais an divskouarn les oreilles), ar gouzoug (le cou, souvent abrégé en goûg), ar genoù (la bouche, dite aussi ar beg), an teod (la langue), an dent, (les dents), ar staoñ (le palais), gweuz (lèvre, mais an diweuz les lèvres, dites plus souvent ar muzelloù), ar malvennoù (les paupières), abrant (sourcil, mais an divabrant les sourcils), ar c'hilpenn (la nuque), an daouividig (les tempes).
Une des particularités grammaticales du breton
Les parties du corps allant de paire connaissent une forme de pluriel qui leur est propre : le duel. Ainsi le mot est précédé du chiffre deux daou, au masculin, et div (pron. diou) au féminin. Les oreilles se disent donc an divskouarn et les yeux an daoulagad, an divjod (les joues), etc. Une forme régulière de pluriel telle que skouarnioù existe, mais elle désigne les anses d'un récipient, de même que lagadoù désigne les yeux du bouillon. Deux exceptions toutefois, troad donne un pluriel interne treid et dorn a un duel irrégulier daouarn, mais les formes régulières daoudroad et daouzorn sont correctes, elles comportent une nuance qui insiste plus sur le chiffre deux.
Piège
Si en français le mot langue a deux significations : l'organe et le parler, le mot teod ne désigne en breton que l'organe. Pour le parler on dit yezh.
Emuyl se mit alors à ecrire une partie de la lecon qui, pensait elle, allait beaucoup faire rire et plaire à ses elèves.
Noms de personne dérivés
En rajoutant le suffixe -eg (-ec, dans l'écriture à la française) aux parties du corps on forme beaucoup de noms de famille très communs. Ce suffixe a pour sens : remarquable par. Ainsi les personnes nommées Skouarneg (scouarnec) durent avoir un ancêtre remarquable par la taille de ses oreilles, de même Frieg : qui a un grand nez. Penneg, Lagadeg, Danteg, Taleg sont des patronymes très portés.
Krennlavarioù (proverbes)
An hini zo lemm e deod a rank bezañ kalet kostez e benn (celui dont la langue est tranchante doit avoir le côté de la tête dur = celui qui dit sans ambages ce qu'il pense doit s'attendre à recevoir les gifles conséquentes à ses dires).
Lagad a dalv teod (L'oeil vaut la langue = la présence suffit parfois, il est inutile de parler).